Sandro Gozi, ancien ministre italien devenu eurodéputé français, combat les « fake news »
Publié sur le Ouest-Frane par Stéphane VERNAY, le 18/03/2024
Il a été secrétaire d’État aux Affaires européennes dans son pays, l’Italie, avant de rejoindre le parlement européen sur la liste Renew Europe, côté français.
Sandro Gozia été Secrétaire d’État aux Affaires européennes des gouvernements italiens de Matteo Renzi et de Paolo Gentiloni, entre 2014 et 2018. Élu aux européennes sur la liste française Renaissance, il siège au sein du groupe Renew Europe au Parlement européen.
Qu’ont fait les eurodéputés français du mandat qui leur a été confié en 2019 ? Ouest-Franceva à la rencontre de quelques-uns d’entre eux, pour leur poser quatre questions – toujours les mêmes – et diffuser leurs réponses sous forme de courtes vidéos. Ici, Sandro Gozi, ancien Secrétaire d’État aux Affaires européennes de la République d’Italie, devenu député européen Renaissance, élu en 2019 sur la liste Renew Europe.
À Strasbourg et Bruxelles, Sandro Gozi est membre de la Commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs ; de la Commission des affaires constitutionnelles ; et de la Délégation pour les relations avec les pays du Machrek.
À quoi ça sert, un député européen ?
Un député européen adopte des lois. Des lois européennes. On les appelle règlements ou directives, mais ce sont des lois. On les décide ensemble : les représentants des citoyens de l’Union européenne, à savoir les députés élus au suffrage universel direct au Parlement européen, et les représentants des États, à savoir les ministres du Conseil de l’Union européenne. Primo, donc, un député européen fait des lois. Secundo, il doit défendre les projets politiques pour lesquels il a été élu. Tertio, il doit défendre les intérêts des citoyens de l’Union européenne. Comme au niveau national les députés européens représentent la nation, au niveau européen les députés représentent les citoyens de l’Union. C’est un travail passionnant, mais très difficile…
Quel a été votre sujet principal au cours du mandat 2019-2024 ?
La lutte contre la désinformation et la lutte pour mieux protéger nos démocraties et nos élections. C’est un thème fondamental. C’est très grave : depuis le Brexit, depuis le scandale de Cambridge Analytica, depuis les interférences russes dans nos élections, on sait que nous devons mieux protéger nos démocraties et nos processus électoraux. Et on sait que, notamment sur les réseaux sociaux, c’est un problème de plus en plus grave. J’ai travaillé dur sur la loi dite de « transparence et ciblage de la publicité politique ». Ce dossier a été pour moi le plus difficile de toute mon expérience d’homme politique ! Cette nouvelle loi européenne pour assurer la transparence des campagnes électorale s’appliquera à toutes les élections, des municipales jusqu’à la présidentielle et aux européennes. Je suis convaincu qu’on va donner une réponse très, très forte, du point de vue législatif, à la désinformation et aux fake news.
La nouvelle loi européenne dite de « transparence et ciblage de la publicité politique» s’appliquera à toutes les élections, des municipales jusqu’à la présidentielle et aux européennes. Ce sera une réponse très forte à la désinformation et aux fake news.
— Sandro Gozi, eurodéputé Renaissance.
Les lobbys, la corruption, les avez-vous vus ? Comment résistez-vous ?
Ce sont deux choses différentes. Les lobbies sont reconnus à Bruxelles. Il y a un registre pour la transparence dans lequel les représentants d’intérêts sont enregistrés. Ce sont des interlocuteurs avec lesquels nous travaillons, et ils sont de types très différents. On va des ONG pour la défense du climat aux grosses entreprises de la « Big Tech ». Après, il y a un lobbying qui n’est pas officiel et que nous devons combattre, c’est un travail d’influence derrière les coulisses, qui n’est pas transparent. Il a augmenté parce que l’importance de l’Union européenne et les pouvoirs du Parlement européen ont augmenté. Et puis, il y a des cas de corruption, comme, malheureusement, dans toutes les activités humaines. Et dans cette législature, suite au QatarGate, on a pris de nouvelles mesures pour lutter contre les conflits d’intérêts, pour augmenter la transparence, pour mieux protéger les lieux où se prennent les décisions pour la démocratie européenne et le Parlement européen.
Vous rempilez en 2024 ?
Mon intention, c’est absolument d’y retourner. Je suis très reconnaissant aux électeurs français de m’avoir élu et d’avoir écrit une petite ligne de l’histoire du Parlement européen parce que c’était la première fois qu’un ancien ministre d’un pays était élu dans un autre pays. Je représente cette politique européenne transnationale qui est au cœur de l’engagement politique de notre mouvement, et je suis tout à fait disposé à me représenter. On n’aura jamais une véritable démocratie européenne tant qu’on n’aura pas construit une véritable politique européenne transnationale, de véritables mouvements politiques européens. Voici le sens de mon engagement et voici pourquoi je suis prêt à repartir.