« Ce nouvel axe entre Rome et Paris »

Éditorial publié dans « La Stampa », 29 mars 2021.


Cher directeur,

Je suis d’accord avec vous : plus de solidarité en Europe. Dans cette phase darwinienne, ce n’est pas le plus fort qui gagne, mais celui qui démontre la plus grande capacité de transformation. La solution contre la crise est européenne. Faisons preuve de plus d’audace pour concevoir notre avenir commun. D’un côté, certains répètent les erreurs : ils décident ensemble à Bruxelles et accusent ensuite l’Europe d’erreurs ou de léthargie. De l’autre, nous avons réalisé l’impensable avec le plan de relance européen (NextGenEU), mais nous n’avons pas fait de même pour nos capacités de recherche et d’industrie

Voici notre objectif : nous doter d’une véritable autonomie industrielle et renforcer notre réponse stratégique parallèlement à l’action du président Biden.

Mario Draghi et Emmanuel Macron seront les protagonistes : 2021 sera l’année d’une nouvelle relation entre Rome et Paris pour l’Europe. À Berlin, Angela Merkel est sur le départ après 16 ans. À Rome, nous avons à la tête du gouvernement une grande personnalité européenne en la personne de Mario Draghi. Comment sera-t-il jugé ? Sur sa capacité à tirer pleinement parti du plan de relance et à mettre en œuvre les réformes nécessaires.

L’Italiebénéficie de plus d’un quart de l’ensemble du plan de l’UE et son succès européen dépend d’elle. Il faut prouver que les plans de relance, la dette européenne commune et les nouvelles ressources de l’UE(comme la taxe numérique) fonctionnent et peuvent devenir un nouvel outil permanent pour la croissance.

À Paris, Macron, qui a gagné en 2017 en choisissant l’Europe, se prépare à la présidence française de l’UE, qui débutera en janvier 2022, puis aux élections présidentielles de mai.

La vision européenne de Draghi et de Macron converge. Il n’y a pas de souveraineté réelle pour qui que ce soit sans une nouvelle souveraineté européenne pour faire face aux défis du numérique, de la finance, du climat ou de la sécurité. La transformation doit se poursuivre. Nous avons l’opportunité historique de réformer le pacte de stabilité et de nous doter d’une véritable capacité financière et d’investissement commune.

Le 9 mai s’ouvre la Conférence sur l’avenir de l’Europe : proposée par Macron à tous les Européens en mars 2019 dans la lettre « Renaissance », elle devra donner lieu à une participation démocratique sans précédent pour préparer une réforme majeure de l’UE. Peu après, l’Italie et la France signeront ce traité bilatéral que nous avons lancé lors du sommet de Lyon en 2017. Il marquera un tournant historique dans notre action commune en Europe. Nous pourrons ainsi devenir ensemble les protagonistes de la relance européenne. Il n’est pas nécessaire d’être optimiste, nous avons « seulement » besoin de beaucoup de détermination.

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